Politique

Pendant que les nidéistes sont activement occupés à tester les diverses formes douces, lisses, insidieuses trémoussantes, trépidantes et violentes de démocratisation des structures de leur parti, pour en retenir la plus pertinente, en vue de la généraliser au pays, en tant que déclinaison locale de la DEMOCRATIE, les islamistes d’Ennahdha s’activent laborieusement, méthodiquement et consciencieusement, de leur côté, à islamiser la DEMOCRATIE pour la rendre compatible avec la grande et majestueuse théorie d’« attadafi3 al-ijtimai3i » (ce qui donne en traduction approximative : « la bousculade sociale »), si chère à leur gourou, Rached Ghannouchi. 

La différence me demanderiez-vous, entre les démarches de ces deux grands « partis » politiques ? 

Eh bien aucune à mon avis. Vous avez bien évidemment noté que les premiers, les nidéistes se sont hués, conspués, heurtés, et… bousculés, des semaines durant, sans aboutir à quoi que se soit ! Sans le savoir, ils ont testé pour les seconds en vase clos et à peu de frais, des pans entiers de la grande et unificatrice théorie de « la bousculade sociale ». Les seconds, les islamistes d’Ennahdha se sont empressés, quant à eux, d’affirmer que se qui se passe chez leur «allié au gouvernement » ne les regarde ni de près, ni de loin, tout en écarquillant les mirettes, pour ne pas perdre une miette de ce que font au grand jour, il faut bien l’avouer, leurs alliés de fraiche date, les nidéistes.   

Se pourrait-il que les machiavéliques nahdhaouis aient quelque chose à voir, dans ce qui se passe au sein du Nidaa ? Seraient-ils derrière les dissensions des nidéistes ? En d’autres termes, auraient-ils délibérément choisi le Nidaa, comme terrain d’expérimentation de leur fumeuse et fameuse théorie  d’« attadafi3 al-ijtimai3i » ? 

Avant d’approfondir la question, voyons de près, quels intérêts auraient les nahdhaouis  à envisager et à finalement retenir, un tel terrain de jeu, pardon d’expérimentation, malgré tous les risques qu’il comporte. Convenons tout d’abord, que tout terrain d’expérimentation de la théorie d’« attadafi3 al-ijtimai3i », doit nécessairement présenter de grandes similitudes avec la composition sociale du pays. Or Nidaa Tounes qui comporte quatre grands courants, nous dit-on (en réalité, il en compte cinq, comme on le verra plus loin), n’est-il pas une représentation microcosmique de la Tunisie ?  Voilà donc un premier intérêt pour choisir ce parti, comme terrain idéal d’expérimentation.

Il existe toutefois à mon sens, une seconde motivation toute aussi évidente. Nidaa est aussi le premier parti politique du pays et le seul vrai concurrent d’Ennahdha. Mais qu’adviendrait-il de ce parti en cas de succès de l’expérimentation en son sein ? La réponse est facile à deviner. Il suffit d’observer ce qui se passe aujourd’hui, au sein du Nidaa. Or, que voyons-nous ? Nous  assistons tout simplement, à une IMPLOSION. Au ralenti, certes, un peu à la Sergio Léone, mais une implosion, tout de même. Avec tout ce que cela implique comme répercussions sur le gouvernement et le pays. Cerise sur le gâteau ou bonus voulu ou récupéré : le pays n’en sera que plus prêt, pour une facile mise en œuvre rapide de la grande théorie d’« attadafi3 al-ijtimai3i ». 

Mais attention ! Soutenir, par des arguments que les nahdhaouis ont tout intérêt à choisir le Nidaa comme terrain de leur expérimentation, ne prouve nullement qu’ils l’aient fait. Toute preuve présentée à ce propos, doit être nette, objective et irréfutable. 

Les dissensions se sont approfondies au sein du Nidaa, au lendemain de la désignation de ce personnage, effacé et insignifiant, qu’est Habib Essid, pour composer le nouveau gouvernement. Un des premiers nidéistes à être monté au créneau pour critiquer ce choix a été Khaled Chawket. Cet élu du Nidaa au sein du parlement, dont j’apprécie beaucoup l’esprit méthodique et précis, a multiplié ensuite, les prises de position, sur les plateaux télé, attisant à chaque fois les dissensions, dans un sens ou l’autre. Juste ce qu’il faut, pour que le feu continue à couver. Il n’est jamais excessif, jamais haineux, jamais excité, juste insidieux, distillant un acide à effet lent et lointain. 

 Or comme vous le savez, Khaled Chawket n’est pas n’importe qui. C’est un transfuge d’Ennahdha - et il n’est pas le seul- qui s’est « réfugié » au Nidaa pour je ne sais plus quelle raison (really ?). Il a d’ailleurs conservé de ses premières amours, cette barbichette en ancre que l’on nomme Balbo. Se pourrait-il que  Khaled Chawket soit la tête de pont visible d’une cinquième colonne nahdhaouie, intégrée au Nidaa, pour le faire imploser de l’intérieur, au moment opportun ? 

Rappelez-vous que pour Rached Ghannouchi, Nidaa Tounes était pire que les plus violents et les plus excités des salafistes. Et puis, il a suffi d’une rencontre de deux heures à Paris, pour que soudain, et comme par enchantement, Nidaa devienne un grand parti politique, et Bajbouj un « grand ami » du Gourou. Un virage à 180° en somme, en à peine quelques jours ! Incredibili comme aurait dit, l’ami Lampedusain ! 

Et si tout cela n’était que du cinéma ? Et si le Gourou était revenu à de meilleurs sentiments, du moins en apparence, parce qu’il avait réussi à ce moment-là, à avoir l’assurance, qu’il pouvait à tout moment faire imploser le rival de son Parti ? Et si, au moment de la rencontre de Paris, Ghannouchi savait déjà, que sa tête de pont avait réussi à prendre pied sur les rivages du Nidaa ? Que sa cinquième colonne était bien implantée en tant que cinquième courant secret, au sein des saints de l’ennemi, n’attendant que le bon moment, pour agir ? 

D’accord, ce n’est pas une vraie preuve. Mais avouez, tout de même que cela donne à réfléchir. Et si vous êtes d’accord avec moi, alors réfléchissez-y et dites-vous bien, qu’il est encore temps, pour arrêter le Gourou, dans son dessein  de transposer l’expérience réussie au sein du Nidaa, à l’ensemble de la Tunisie. Oui, la partie n’est pas encore perdue, mais il faut agir ! Il est plus que temps d’agir… La solution ? Eh bien je veux bien la partager avec vous… RDV la prochaine fois, dans la seconde partie. Parole de scout attardé.