Politique

Tamarod se réveille d’un long et douloureux sommeil. Tamarod a en effet, annoncé hier, 18 décembre 2013, qu’il a décidé de ne plus soutenir la candidature du ministre de la Défense, le général Abdel Fatah al-Sissi, aux élections présidentielles. Dans un appel téléphonique, accordé à la chaine satellitaire CBC, Hassan Chahine, porte-parole officiel du mouvement Tamarod, a indiqué que le mouvement préférait qu’al-Sissi reste à son poste actuel, « en tant que héros national ». Et pour barrer « définitivement », la route à ce futur dictateur, Tamarod a décidé de se transformer en parti politique, pour pouvoir rassembler une grande coalition regroupant les partis politiques, dont l’objectif est l’instauration de la démocratie, en Égypte. Tamarod deviendra donc, un parti politique, en vue de se lancer dans la campagne des prochaines élections parlementaires.

Et vous voulez savoir ce qui a enfin, réveillé Tamarod de son doux rêve, de faire du génal al-Sissi, un président ultra démocrate ? Vous n’allez pas me croire, mais je vous jure que c’est la stricte vérité ! Tamarod a perdu ses illusions et ses chastes rêveries à cause d’un… rêve, fait par le général Abdel Fatah al-Sissi. Si, si, croyez-moi, c’est la stricte vérité. Tamarod, non seulement ne rêve plus, de la nuit, mais a également perdu le sommeil, parce qu’al-Sissi s’est réveillé, à la fin de la semaine dernière et, reprenant Martin Luther King, a déclaré haut et fort, a ceux qui voulaient bien l’entendre : « I have a dream ». Depuis, toute l’Égypte est en ébullition. En effet, la dernière fois qu’un dirigeant égyptien a fait, à la presse locale et internationale, une déclaration pareille, l’Égypte a connu sept terribles plaies. Elle en tremble encore, du reste de toutes ses pyramides, couvertes de neige fictive. Ces terribles plaies, cela s’est passé, il y a fort longtemps, mais il est vrai que la situation actuelle de l’Égypte est déjà, une plaie en soi, encore plus grande, que les sept plaies dues, au rêve de Pharaon. 

Bref, l’Égypte est en émoi, à cause du rêve du général-Pharaon, tout puissant, tout craint, qui a révélé avoir rêvé, voilà 35 ans, qu'il deviendrait un jour, le président du pays. C’est un peu, l’histoire du Visir que voulait devenir Calife, à la place du Calife, histoire revue et corrigée à la sauce al-Sissi. Saluons d’abord, cette mémoire phénoménale de ce général hors pair, qui parvient à lui restituer, un rêve, vieux de 35 ans, au moment opportun, qui plus est, à trois semaines du référendum sur la Constitution, qui consacre sa puissance et celle de son armée ! Le général égyptien est aujourd’hui, âgé de 59 ans. Faites votre calcul et vous trouverez qu’al-Sissi rêve d’écarter Moubarak, depuis l’âge de 24 ans. Morsi n’était finalement, qu’un petit contretemps ! Chère « amie », toi, qui me lis, avec une fidèle constance, tu permets que je te pose une question ? Tu crois toujours, que le général al-Sissi a pris la décision d’écarter Morsi, sous la pression des événements, sans avoir rien programmé, à l’avance ? 

Ainsi donc, le général avoue avoir toujours été tenté par le pouvoir. Mais cela n’est pas suffisant, pour ameuter un peuple composé de 85 millions d’individus et d’individuelles « plurieux » et plurielles ! Après tout, tout le monde rêve et certains rêves sont encore, plus alambiqués et plus mystérieux. D’ailleurs, pour comprendre le sens du rêve d’al-Sissi, les Egyptiens et d'autres Arabes, de divers pays, ont créé des comités populaires et des groupes de travail, chargés de se pencher sur les détails du rêve et d'expliquer la signification de la vision du général rêveur et visionnaire, pour le bonheur ou le malheur de ses compatriotes, c’est selon. La consommation de café a soudain, a grimpé en flèche, au Caire et à Alexandrie, diminuant d’autant, le taux de natalité, dans le pays. On ne sait pas, si la charmante Jawa Ayad, est de la partie.   

En fait, l’Égypte ne dort plus, la nuit et ne rêve pas plus, en raison de ce qui lui a appris l’histoire récente, des dirigeants arabes. Il se trouve en effet, que seuls les dicteurs, qui sont une spécificité et une tare exclusivement arabe, à l’heure qu’il est, déclarent publiquement, qu’ils ont fait un rêve.  Le temps nous dira dans quelle mesure, le général rêveur, répugne ou s’acharne à occuper la plus haute fonction, en Égypte. Par contre, ce qui est certain, c'est qu'il présente plusieurs des symptômes habituellement, associés aux dictateurs arabes. Il y a d'abord, la prolifération d'images, le représentant dans les lieux publics et dans les médias. Il y a ensuite, son absence d'inhibition, à recourir à la force, pour parvenir à ses objectifs politiques. Et il y a enfin, cette dernière caractéristique du rêve prémonitoire, à connotation catastrophique. Ce syndrome moins connu, qu’est le penchant du dictateur arabe, pour les rêves alambiqués et marquants, qui jouent par la suite, un rôle important, dans l'histoire du pays est pourtant, une constante bien connue, des spécialistes en la matière. Pour preuve, voici quelques-uns des rêves de dictateurs arabes, les plus frappants.

En l’an 2000, Saddam Hussein a rêvé, alors qu'il dormait dans son lit. Ce n’est point là, un pléonasme, tant les rêveurs debout, les yeux ouverts, sont légion, surtout, en Tunisie. La précision s’imposait donc. Dans son rêve, Saddam traversait un désert stérile, lorsqu'il aperçut de loin, un gros œuf. Non, pas un bœuf, un œuf. Celui-ci était plus haut qu'une maison. Lorsqu'il s'en approcha, la coquille commença à se fissurer et une main en sortit. Cette main tenait un magnifique cheval ailé, chevauché par un homme imposant, qui n'était pas différent de Saddam, sans en être la copie conforme, pour autant. Lorsqu'il se réveilla, Saddam annonça qu'il lançait un concours national d'architecture, pour construire un grand monument, représentant son rêve éblouissant.

De l'avis général, il prenait son rêve un peu trop au pied de la lettre, mais personne n'osa le lui faire remarquer. Pendant des mois, tous les architectes de Bagdad lui ont donc, soumis des projets censés illustrer le « rêve du plus grand rêveur de tous les temps », comme on l’avait surnommé, à l’époque, mais aucun projet ne trouvait grâce, à ses yeux. Saddam décida alors, d'annuler le concours et d'en lancer un nouveau, pour un monument encore plus grand, et pour voir qui serait capable, d'interpréter correctement, son rêve-omelette. Le prix qui récompensait celui qui parviendrait à deviner la véritable signification de cet étrange songe, était un cheval ailé. Mais le châtiment réservé à ceux qui échoueraient,  était la mort tout aussi, ailée. Curieusement, personne ne se porta volontaire, pour expliquer le rêve du grand rêveur, en dépit de cette récompense particulièrement alléchante. A ce jour, personne ne connaît d’ailleurs, la vraie signification de ce « songe d’une nuit d’été », ce qui est passablement frustrant, avouons le. Personnellement j’avais remarqué que le nœud coulant avait la forme d’un œuf, mais j’ai peur d’avancer mon explication. 

En 1976, l'ancien président syrien Hafez al-Assad, a reçu la visite d'un ange, qui n'avait pas pris rendez-vous avec le président. Al-Assad, n'ayant pas d'autres obligations, cette nuit-là, ferma les yeux sur cette entorse, au protocole, et reçut sans façon, l'ange messager. Celui-ci replia ses immenses ailes et lui raconta une drôle d’histoire, à dormir et rêver debout : « un garçon pauvre et miséreux, vivait dans un village, avec sa mère et son père. Il était très apprécié, dans le village et respecté pour son honnêteté. Un jour, il assista à une scène étrange, en marchant dans la montagne (ne me demandez pas ce qu’il est allé foutre, dans la montagne). Un vieil homme était sur le point de se faire attaquer, par un loup affamé. L'homme suppliait le loup de l'épargner, expliquant que sa chair serait bien trop dure, à son goût. Le loup s'arrêta et dit à l'homme : « Je vais te soumettre une devinette et, si tu réponds correctement, j'épargnerai ta ridicule vie ». A ce moment-là, le garçon jeta une pierre sur le loup et le tua net, sauvant ainsi, la vie du vieil homme », mais, gâchant du coup, le rêve de Hafez Al-Assad. L'ange se leva alors, et partit, sans rien expliquer, laissant l’ex président syrien, dans l’état nerveux, que vous devinez.

Lorsque Hafez Al-Assad se réveilla, il appela ses proches conseillers et leur demanda illico presto, ce que signifiait cette vision. Puis il les renvoya et resta assis pendant deux heures (certains prétendent, deux jours), à réfléchir. Finalement, il décréta que ce rêve voulait dire qu'il devait lancer une opération militaire au Liban, ce qui saute aux yeux, quand on y réfléchit bien. N’est-ce pas, votre avis, aussi ? Suite à quoi, l'armée syrienne resta au Liban, pendant près de 30 ans. Tout avait commencé par une simple vision d’un loup famélique et affamé, tué par un garçon soi-disant bon, errant sans raison apparente, dans la montagne des faits. Les petites causes produisent toujours, comme vous devez la savoir maintenant, de grands et d’immenses effets. C’est ce qu’on appelle, chère amie, constante dans la lecture de mes écrits, l’effet p… 

PS : Le Comité populaire de déchiffrement des rêves annonce : « Un cadeau de valeur, à celle ou celui, qui trouvera le seul lien, qui existe entre les trois rêves, rapportés ici ».