Politique

Aujourd’hui, nous fêtons le troisième anniversaire de la révolution tunisienne.  Parfois je me surprends à rêver, d’un départ de Zaba, non pas le 14, mais le 1er janvier 2011. Cela nous aurait permis de dater notre révolution, du nouvel an. Mais, rien n’est perdu, car je ne sais pas si vous le savez, mais nous fêtons réellement, notre révolution, le premier jour d’un nouvel an. Non pas le nouvel an officiel, que l’on se plait à appeler sous nos cieux, l’an administratif, non pas l’an 1435 musulman, qui a débuté le 15 novembre 2013, mais le nouvel an du calendrier agricole, plus communément appelé, l’an Ajmi ou 3ajmi. 

Problème. En quelle année du calendrier Ajmi entrons-nous, en ce nouvel an ? En d’autres termes, le 14 janvier 2014, troisième anniversaire de la révolution tunisienne, correspond à quelle année Ajmi ? Sauriez-vous répondre à cette question ? Mais, je vous préviens tout de suite, répondre à cette question, entrainera forcément, une révision complète de vos certitudes et de vos repères historiques. Oui mais braves, vous l’avez compris, l’histoire officielle nous a toujours occulté, des vérités importantes, dont celle-ci, bien évidemment. 

Tenez-vous donc bien, ce 14 janvier 2014 correspond au premier jour de l’an 2964, du calendrier Ajmi ! Cela signifie tout bonnement, que le calendrier Ajmi a démarré 150 ans avant que DIDON daigne poser la première pierre de la fantastique cité de Carthage.  Incroyable, n’est-ce pas ? Ceci étant admis, la question qui vient tout de suite à l’esprit, est la suivante : En quel mois, entrons nous, en ce premier jour, de l’an 2964 Ajmi ? Réponse : aujourd’hui, 14 janvier 2014, correspond au  premier jour de l’an Ajmi,  soit le premier jour du mois Yènèyer 2964. Satisfaits ? 

Ah. Cela vous rappelle tout de même, quelque chose ? Ben oui, forcément, car vous connaissez ces mois, jamais écrits, jamais utilisés, en dehors du monde agricole : Furar, mars, ibril, mayou, younyou, youlyou, youct, ctamber, ktouber, noumber et doujamber. Bien sûr, il peut y avoir des variations, dans la prononciation et la transcription, mais l’essentiel y est. Satisfait ? Oui, mais ? 

Ok, cela vous rappelle bien quelque chose et vous ne savez pas quoi au juste ? Bien. Notez d’abord, que vous avez toujours eu ce calendrier, sous les yeux. Scrutez bien ce feuillet d’un calendrier-éphémérides. Notez qu’en bas du feuillet, là où vous ne portez pratiquement pas, votre regard, il est bien noté, que le 14 janvier correspond au premier jour du mois Yènèyer, qui correspond, à son tour, au premier jour des « Nuits noires » ou en arabe, « al-lyali al-soud », dans le jargon agricole. Ceux qui sont familiers avec le jargon agricole, savent aussi, que cette période des « nuits noires », qui est la période la plus froide de l’année, s’étend sur 20 jours. Mais ceux qui sont réellement familiers, avec le vrai calendrier Ajmi-agricole, savent aussi, que l’éditeur de ces éphémérides s’est trompé, en indiquant cela. 

En réalité, la période des « Nuits noires » s’étend du 12 au 31 doujamber soit du 25 décembre au 13 janvier de l’année grégorienne. Par contre, ce sont les « Nuits blanches » ou en arabe,  « al-lyali al-bidh », qui  commencent le premier jour de yènèyer, correspondant au 14 janvier grégorien. Notons aussi, qu’en rapport avec le monde agricole, ce jour de l’an du calendrier Ajmi est fêté chez nous, par la préparation d’un bon couscous aux légumes. Ah, vous avez toujours préparé le couscous, sans savoir pourquoi ? 

Ça y est, vous commencez maintenant, à comprendre et à mieux vous repérer, dans ce calendrier un peu oublié ? Oui ? Je suppose que vous vous demandez d’où vient ce calendrier et quelles sont ses origines ? Évidemment, vous avez noté qu’il correspond au calendrier julien et vous vous dites qu’il doit s’agir d’une survivance du vieux calendrier Romain. Bien sûr, vous avez raison de le croire…, jusqu’à un certain point. 

Bon, réfléchissons un peu. Le calendrier julien a démarré en l’an 45 avant JC. Nous devrions donc être en l’an 2059 du calendrier julien. Or, je vous ai dit que nous sommes en l’an 2964 du calendrier Ajmi. Où se situe l’erreur ? 

D’abord, on peut comprendre intuitivement, qu’un peuple a utilisé le calendrier julien, pour dater sa propre histoire. On peut aisément imaginer aussi, que ce peuple a côtoyé les Romains, puisqu’il a hérité de leur calendrier. On peut également, déduire que ce peuple a vécu sur nos terres, puisque nous avons hérité de son calendrier. On peut noter enfin, qu’il ne s’agit pas des carthaginois, puisque ce calendrier est plus vieux de 150 ans. Vous commencez à entrevoir la vérité ? Eh oui, mes bons amis, ce calendrier est estampillé Berbère authentique, d’où le fameux couscous, plat berbère, par excellence et par définition. 

Durant une grande période de l’histoire, tous les berbères, du Maroc à l’Égypte, de la méditerranée au Sahel africain, utilisaient ce calendrier, comme seul repère, pour se déterminer dans le temps. Et puisque nous y sommes, sachez aussi que les jours de semaine, se prénommaient ainsi, chez les berbères : lundi = arim, mardi = aram, mercredi = ahad, jeudi = amhad, vendredi = sem, samedi = sed, dimanche = acer. 

Bon, nous voici à l’épreuve la plus difficile. En y réfléchissant bien, on doit finir par comprendre, qu’à l’origine, les mois du calendrier berbère ne portaient pas les noms latinisés ou Romains, qui sont venus après. Mais la question n’est pas facile à traiter. Sans entrer dans des considérations difficiles à traiter ici, sachez que les recherches les plus récentes considèrent qu’à l’origine, les mois du calendrier berbères, devaient porter les appellations suivantes : 

         Nom du mois                   Signification 

1tayyuret temzwarut         Première lune   

2tayyuret tenggwerat         Dernière lune

3yardut                                  ?

4sinwa                                  ?

5tasra temzwarut                Premier gardiennage de troupeau

6tasra tenggwerat        Dernier gardiennage de troupeau

7awdaye?et yemzwarenLes premiers antilopins 

8awdaye?et yenggweranLes derniers antilopins

9awzimet yemzwaren        Les premiers petits de la gazelle  

10awzimet yenggweranLes derniers petits de la gazelle 

11ayssi                                  ?

12nim                                          ?

 Reste à traiter la question la plus passionnante de ce calendrier. Quel événement a été considéré comme le phénomène initiateur et déclencheur de ce calendrier ? En d’autres termes, que s’est-il passé, dans la longue histoire des berbères, il y a 2964 ans ? Il est évident que j’ai laissé pour la fin, l’élément le plus croustillant de cette histoire fantastique, que vous conterez j’espère, à vos enfants. 

Eh bien figurez-vous, il y a presque trois mille ans, un roi berbère est monté sur le trône d’Égypte et est devenu Pharaon. Il s’agit du Pharaon Chechonq Ier, fondateur de la 22e dynastie égyptienne. Suite à ce haut fait historique, l'ère Sheshonq a été créée et avec elle, le calendrier berbère, que vous connaissez sous l’appellation traditionnelle de « 3am 3ajmi ». Voilà, c’est tout. Si quand même, encore quelque chose. En réalité le Pharaon Chechonq Ier n’est pas monté sur le trône en l’an 950 avant JC, mais en l’an 945, de sorte qu’en vérité, nous entrons aujourd’hui, en l’an 2959 en non, en l’an 2964. Mais, on ne va tout de même pas, chicaner nos amis berbères, pour une erreur historique de 5 ans, n’est-ce pas ? 

Alors, sachez que Chechonq Ier a régné sur l’Égypte, de 945 à 924 avant JC. Certaines études récentes privilégient la période 943 à 922, avant JC. Chechonq Ier serait le Sesaq ou Shishak, évoqués dans la Bible. Son père s’appelait Nimlot et sa mère, Tanetsepeh. Sheshonq Ier épousa Karoma 1ère et Pentreshmès, avec lesquelles il a deux enfants, deux garçons : Osorkon 1er, avec la première, qui lui succéda et Nimlot 1er, avec la deuxième, qu'il nomma roi d'Hérakléopolis.

Notez aussi et c’est finalement cela, qui nous intéresse le plus, que Sheshonq 1er est un prince de la tribu berbère des Mâchaouach, habitant la Libye. Au cours du XIème siècle avant JC, une partie de cette tribu s'infiltra pacifiquement, dans le delta du Nil où régnait la XXIe dynastie. Ces Mâ, diminutif de Mâchaouach, fondèrent une sorte de fief de chefferie, autour de Bubastis. Leurs dirigeants, les chefs des Mâ, devinrent de plus en plus, influents. L'un d'entre eux, Sheshonq, 1er, parvint ainsi, à se hisser sur le trône d’Égypte et à fonder la XXIIe dynastie. Fin de l’histoire. 

En conclusion, avez-vous noté deux faits importants ? D’abord, notre révolution est datée du 14 janvier, ce  qui correspond au jour de l’an du calendrier berbère et personnellement, je trouve que c’est là un  juste retour aux sources et aux racines de ce pays, longtemps envahis et soumis. Ensuite, à travers trois mille ans d’histoire, nous retrouvons ce lien incroyable, qui lie notre destin à celui de la Libye et de l’Égypte ! La révolution égyptienne est datée du 25 janvier 2011, soit à peine, une dizaine de jours, après la notre. Celle de la Libye a démarré le 13 février 2011. Le 23 octobre 2011 à Benghazi, le président du CNT Moustafa Abdel Jalil, a proclamé la « libération » de la Libye, mettant officiellement fin, à la guerre civile, qui durait depuis huit mois. En l’an 2011, la Grande Histoire a fait un Grand Clin d’œil, à la Grande Civilisation des Berbères.